Volubilis
Volubilis est une ville antique romaine située sur les bords de Oued Khoumane, rivière de la banlieue de Meknès (Maroc), non loin de la ville sainte de Moulay Idriss (Zerhoun) où repose Idrîs Ier.
Le nom de Volubilis du site serait dû à l'abondance de la plante. Le nom berbère de la ville est Walili, Oualili, ou Walila (arabe : [wall]) qui désigne la fleur de liseron. La ville vivait du commerce de l'huile d'olive. On retrouve dans les ruines de nombreux pressoirs à huile.
Histoire
Située sur les contreforts du massif de Zerhoun, Volubilis est une cité édifiée au IIIe siècle av. J.-C., sous influence carthaginoise. Au IIe siècle av. J.-C., elle fait partie du royaume "maurétanien" qui se forma en Afrique du Nord et devient, sans doute, l'une des résidences royales de Juba II, roi maurétanien allié à Rome pour contrôler la région nord-africaine.
Annexée, la ville connaît deux siècles de romanisation
Avant cette romanisation, Volubilis resta sans doute longtemps une bourgade anonyme en territoire maure. On ne peut tirer aucun enseignement des quelques inscriptions libyques dont l'origine est incertaine et la langue indéchiffrable. D'autre part, la cité primitive, recouverte par les niveaux d'époque romaine, ne nous a guère livré de vestiges qui nous permettraient de restituer son aspect.
Des vestiges architecturaux confirment l'existence d'une cité punico-maurétanienne. Ce sont presque tous des édifices religieux ou funéraires, construits en gros blocs de tuf.
Ces vestiges, isolés et dispersés, souvent difficiles à dater, ne permettent pas de localiser avec précision les limites de la cité maurétanienne, peut-être enfouie sous le centre monumental ou le quartier ouest.
La céramique et les monnaies montrent que la cité était probablement active et ouverte aux échanges. Ainsi, Volubilis importait des vases campaniens, des amphores italiques ou de type Dressel 18 pour le transport des denrées.
Toutefois, en 40, à la veille de l'annexion, Volubilis était déjà ouverte à l'influence romaine, comme elle l'avait été à l'influence punique. La transition ne prit sans doute pas l'aspect d'une rupture brutale. C'est sur la trame de la ville maurétanienne que se greffèrent d'abord les monuments romains. L'emplacement des temples d'origine punique fut respecté. La population autochtone continua à fournir le fond du peuplement de la ville. Enfin, la ville conserva dans un premier temps les institutions puniques dont elle était dotée depuis plusieurs siècles.
Les Romains présents à Volubilis n'étaient probablement représentés que par une poignée de hauts fonctionnaires, gouverneurs et officiers installés provisoirement dans la cité, et par quelques hommes d'affaires. L'origine locale de la population est attestée par de nombreuses racines puniques ou libyques, et des surnoms latins mais typiquement africains. Quelques habitants étaient ainsi originaires des provinces voisines d'Afrique du Nord.
Une forte colonie d'Orientaux était également implantée à Volubilis. On y trouve des Grecs d'Asie Mineure (souvent d'anciens esclaves), des juifs de Palestine. Certains sont des négociants d'origine syrienne, d'autres des soldats auxiliaires qui nous ont laissé des dédicaces aux dieux arabes (période antéislamique) rédigées en grec.
Les Européens semblent avoir été peu nombreux. Ce sont surtout des Espagnols de la Bétique voisine, des Gaulois et des Italiens. Quelques individus pourraient être originaires des régions danubiennes et des Balkans.
Les Volubilitains semblent avoir partagé une grande diversité de croyances, si l'on en juge par les nombreux témoignages que nous ont livrés les inscriptions, les mosaïques, les statues ou les plus humbles figurines. Les pratiques religieuses s'exprimaient par le culte public que les Volubilitains rendaient à l'empereur et à Rome, lors des cérémonies officielles. Les fidèles se regroupaient aussi en associations privées. Certains d'entre eux ont ainsi édifié à leurs frais un temple en l'honneur de la maison impériale. Des hommages similaires pouvaient être rendus par les affranchis qui formaient des collèges religieux.
Vers la fin du IIIe siècle, l'empire est menacé par les invasions germaniques et les guerres civiles. L'administration romaine évacue les villes de l'intérieur de la Maurétanie Tingitane. A Volubilis, ce retrait se produit vers 285. A partir de cette date, l'évolution de la cité est d'autant plus difficile à cerner que les vestiges tardifs ont été délaissés voire détruits lors des premières fouilles. Jusqu'au début du Ve siècle, la population locale qui n'avait aucune raison de suivre le retrait de l'armée et de l'administration continue d'habiter les quartiers de l'époque romaine. Les maisons sont tout d'abord réparées à l'aide de matériaux de remploi. Puis il semble que le mode de vie romain soit peu à peu abandonné: le plan des maisons est remanié, le tracé des rues est modifié. Les bâtiments publics sont barrés par des murs grossièrement assemblés, signe d'une disparition des institutions romaines.
Un nouveau tournant de l'histoire de la ville s'amorce au VIIe siècle, avec l'arrivée des premiers conquérants arabes. Volubilis, redevenue Oualili sous la plume des chroniqueurs, accueille en 789 Idris, un Oriental fuyant les persécutions abbassides. Ce descendant d'Ali (gendre du prophète Mohammed) est proclamé souverain par les Aouraba. Il semble que cette tribu se soit réfugiée dans la région après la défaite de Mems (688) subie devant les troupes arabes. Volubilis devient alors le berceau de la première dynastie marocaine, sous le nom arabe de Oualila ou Oualili. Cette nouvelle dénomination semble avoir désigné à la fois l'antique Volubilis et le monastère fortifié de Moulay Idris tout proche. Le fils d'Idris, proclamé à son tour souverain, aurait résidé un temps dans la cité avant de créer sa propre capitale à Fès. En 818, des Andalous (les Rabedis) se seraient installés dans un nouveau quartier en bordure de l'oued Khoumane, hors de l'enceinte primitive, et à proximité de thermes construits à la même époque. Les témoins archéologiques de l'occupation islamique sont peu nombreux. Associés aux vestiges tardifs, ils ont aussi été négligés par les premières fouilles. Il s'agit surtout de nécropoles situées à l'extérieur de l'enceinte tardive, dans les anciens quartiers romains tombés en ruines depuis longtemps. Les sépultures en pleine terre contiennent des squelettes couchés sur le côté droit, la tête au sud-ouest et dirigée à l'est, conformément aux traditions de l'islam. Quant à l'habitat, il est assez difficile de le distinguer de celui de l'époque tardive, les techniques de remploi ayant été abondamment utilisées durant plusieurs siècles.
La présence des Rabedis semble attestée jusqu'au XIe siècle. Après cette date, le site a peut-être été encore occupé, sous des formes qui nous restent inconnues. C'est dans l'imaginaire des populations locales que le site a survécu jusqu'à nos jours sous le nom de Ksar Pharaoun, le Château du Pharaon !